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Groupe Action Patriote du 10 décembre / Liberté, Egalité, Fraternité, Ordre et Progrès !
8 mars 2006

Le bonapartisme d'extrème-droite ??? Vous avez tout faux !

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Comme bon nombre de mouvements patriotes, le bonapartisme est souvent assimilé au Front National, tout du moins aux idées d'une droite radicale teintée de xénophobie. Bien entendu rien n'est plus faux… Nous vous proposons ci-dessous une analyse réactualisée de Thierry Choffat, président du Centre d'Etudes et de Recherches sur le Bonapartisme, tirée d'un de ses articles pour le journal "Deux décembre" ( N°13 / mars 1994 )

""En 1982, puis plus prêt de nous, René Rémond distinguait trois droites : orléaniste, légitimiste et bonapartiste. Cependant, on peut s'interroger sur la position du bonapartisme. Est-il de droite, de gauche, du centre ou "d'ailleurs" ?

  • A droite sans doute si l'on ne retient que les notions d'ordre, d'autorité, de monarchie, de croyance en un homme ( ou une dynastie ) providentiel...

  • A gauche si l'on s'applique à analyser son programme économique et social, si l'on songe que ses références sont essentiellement tournées en direction de la Révolution de 1789, voire si l'on comprend que le bonapartisme ( hormis sans doute le cas de l'Appel au peuple après Sedan ) est plus révolutionnaire que réellement conservateur !

  • Au centre enfin si l'on pense que le bonapartisme rêve de réconciliation nationale, qu'il ne se sent ni de gauche ni de droite, qu'il récuse ces termes et ces politiques au profit d'un vaste Rassemblement des Français autour d'un idéal commun, d'une vision "trans-partisane" de la société.

Les deux expérience gouvernementale du bonapartisme sont concordantes : Napoléon 1er et son neveu Napoléon III ont cherché ( et souvent réussi ) à rallier à eux d'irréductibles adversaires. Dès novembre 1799, le premier consul souhaite associer, à son œuvre de renouveau, les jacobins, les royalistes, les républicains sincères, les régicides et ceux qui espéraient le retour de l'ordre, de la religion. De même Napoléon III saura s'entourer d'orléanistes, de républicains avancés, d'hésitants... Unissant les modérés de tous horizons idéologiques, les 2 empires ont rejeté dans l'opposition les solutions extrémistes.

Toutefois, le bonapartisme a aujourd'hui la réputation d'être de droite voire d'extrême droite. Les observateurs extérieurs semblent négliger l'aspect social et populaire du courant plébiscitaire. Mais cet état n'est-il pas la conséquence des quelques dirigeants ( ou militants ) bonapartistes qui ont dérivé vers des positions extrémistes ?

Si le bonapartisme n'est ni de droite, ni de gauche, ni même du centre, il est manifeste que certains de ses partisans peuvent être assimilés à l'extrême droite.

Les raisons sont multiples

  • Avec l'installation d'une quatrième dynastie, une partie des napoléoniens a abandonné l'un des éléments du bonapartisme - l'appel au peuple, les Français choisissant par référendum le chef de l'Etat - pour ne retenir que l'aspect monarchique du régime.

  • les plus autoritaires se sont surtout penchés sur la défense de l'ordre et de la morale au détriment des autres points de la doctrine impériale.

  • les plus "socialistes", ceux qui croyaient surtout aux réformes sociales dues à Napoléon III, ceux qui luttaient pour l'extinction du paupérisme, ont parfois dérivé vers le fascisme après 1930 en oubliant un peu vite que le bonapartisme refusait tout extrémisme.

Trois parcours différents. Trois motivations que l'on retrouvera après 1870 ( et essentiellement après la mort du Prince Impérial ) quand les partis royalistes vont voir venir à eux quelques partisans de Napoléon III ; dans les années 30 quand des responsables et militants des comités plébiscitaires vont participer à l'expérience fasciste et enfin depuis 1984 avec l'émergence du Front National.

Autrefois, les mouvements gaullistes apparaissaient largement plus "bonapartistes" qu'aujourd'hui : le RPF de 1947 n'avait pas d'orientation de droite, était plus populaire, plus social, plus rassembleur, moins "politique" que le RPR de 1981 ( et bien sur que l'UMP de nos jours ). Or après 1984 ( et encore aujourd'hui malgré la naissance du MPF )qui récupère cette image sinon le Front National ? Hormis une vision "raciste" de l'humanité, un antisémitisme latent, un extrémisme irrémédiable ; hormis un personnel "douteux" ( anciens collaborateurs, anciens des mouvements néo-fascistes ), le FN pourrait être classé parmi les héritiers du bonapartisme.

Notons immédiatement que ces quelques points de divergences sont trop important pour être comblés. Nulle trace de xénophobie ou d'antisémitisme dans le bonapartisme, au contraire, nous pourrions y déceler plusieurs indices opposés. Pour toutes ces raisons, le Front National ne peut prétendre à une quelconque filiation avec le bonapartisme.

A l'heure ou certains proches du bonapartisme se laissent tenter par cette renaissance nationaliste, par cette récupération, il est nécessaire d'en apporter un début d'explication. Pourquoi des sympathisants bonapartistes ont-ils dérivés vers une pensée politique qui n'est pas la leur ?

Plusieurs raisons peuvent être avancées

  • Méconnaissance de la doctrine impériale. Les soi-disant bonapartistes ne retenant du bonapartisme que quelques points particuliers ( aspect autoritaire du régime, foi en un système monarchique, ... ) au détriment d'un vaste ensemble formant "l'idéologie napoléonienne". Ainsi, des organisations ont pu fort hypocritement se poser en héritier des deux empereurs ( en utilisant parfois des arguments bonapartistes, sur l'appel au peuple par exemple, un vocabulaire ou des symboles non dépourvus de références napoléoniennes ). Détournement du passé ? Sans doute si l'on considère que ces instruments sont mis au service d'un programme qui s'éloigne très nettement des pensées bonapartistes.

  • Absence de mouvement bonapartiste actif, puissant et reconnu. Cela explique que certains aient trouvé au RPF, dans l'UNR puis le RPR ( et maintenant l'UMP pour certains )les structures d'accueil qu'ils recherchaient. Après 1984 ( et encore de nos jours avec aussi le MNR ), le Front National s'impose sur la scène politique française, puisant ses premiers cadres dans les rangs gaullistes. Parmi eux, une frange de bonapartistes de cœur qui ne reconnaissent plus dans le parti chiraquien les thèmes favoris du pur gaullisme ( participation des salariés, progrès social, rassemblement des citoyens au-delà de l'axe gauche/droite... ). Dès lors, le FN leur semblait plus adéquat. La naissance du MPF semble avoir quelque peu fait changer certains bonapartistes mais le détournement est toujours là...

Les solutions à ce phénomène ???

Comme souvent, il faut démystifier le programme lepéniste. Au lieu de s'attaquer aux hommes du FN, il serait sans doute préférable d'indiquer aux bonapartistes les failles du programme frontiste, de faire remarquer que comme le PCF ou l'extrème-gauche, l'accumulation de propositions ne conduirait qu'à une faillite de la France.

Pour les bonapartistes restaient fidèles aux idées napoléoniennes, il est de leur devoir d'informer les napoléoniens et les bonapartistes "perdus" sur les différences existant entre le discours nationaliste, parfois raciste, faussement populiste tenu par l'extrème-droite et les idées prônées par les deux Empereurs qui firent rayonner le nom de notre pays par delà nos frontières.

De telles actions ne sont pas aisées à mener. Avant tout, il serait souhaitable qu'un "puissant" mouvement bonapartiste s'impose afin d'éviter toute dérive de napoléoniens ou bonapartistes tentés par les mouvements de la droite radicale. Ne se sentiraient-ils pas mieux au sein d'un véritable mouvement défendant les valeurs dont ils se réclament ?""

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